Encore inconnue en Occident Ooleya Mint Amartichitt est en passe de devenir la nouvelle voix étoilée de l'univers griot mauritanien. Intelligente et resplendissante elle profère sa poésie entourée de ses frères et sœurs attentifs à son talent. Ses parents griots eux aussi perçurent très vite son talent exceptionnel et l'on pouvait la remarquer chanter dès l'âge de huit ans dans les mariages des notables dont les luxuriantes villas ont remplacé les tentes d'antan. Sa notoriété s'étend maintenant jusqu'à la péninsule arabique où elle est amenée à chanter cette même nostalgie des temps nomades. Sa voix brute rugueuse et sophistiquée devient hallucinée lorsqu'elle s'entremêle avec les voix de ses sœurs. À travers des claquements de mains frénétiques elle se fraye un chemin dans le monde de l'émotion elle met en lambeaux des notes qui se fragmentent à l'infini. Ooleya dans ses chants loue les anciens dignitaires de sa tribu celle des Ulâd Mubârak mais évoque aussi les guerriers les villages et les campements d'autrefois bien avant que la sécheresse pousse les tribus du sud à venir se sédentariser dans la région de Nouakchott. Dans la poésie du désert l'eau et les arbres deviennent les métaphores d'une vision paradisiaque. On a beaucoup dit sur le comportement du griot. Il illustre parfaitement l'ambiguïté sociale dans laquelle évolue le musicien et poète de métier ce marchand de plaisir et de savoir qui vogue entre émancipation et retenue. L'art des griots mauritaniens est un art à la fois savant et classique expression de la culture hassanide il est un extraordinaire point de convergence entre l'univers arabo-berbère et l'univers noir de l'Afrique de l'Ouest. Au XVIIe siècle à une époque où la pratique musicale avait atteint une réelle maturité les griots conscients de ces influences détermineront trois voies : la voie blanche (al-jâmba-al-bayda) représentant l'apport maure la voie noire (al-jâmba-al-kahla) synonyme de l'apport négra-africain et la voie dite tachetée (al-jâmba-l'