À l’instar des images de gardiens de reliquaire dans le cadre du culte aux ancêtres chez les Fangs, cet instrument de musique (comme les bâtons, chasse-mouches, éventails et autres objets utilitaires figuratifs) s’orne du motif d’un visage au beau front bombé, inscrit dans une forme en cœur, la bouche prognathe se confondant avec le menton. Référence explicite au gardien des ossements des ancêtres, ce personnage masculin à l’expression recueillie, dont le corps constitue la caisse de résonance de la harpe, évoque, par sa construction même, une communication harmonieuse avec les ancêtres du lignage, convoqués pour les rites du byeri.  À travers cet instrument à huit cordes, accompagnant les chants et les danses du byeri, plastique et musique entretiennent un rapport étroit. Le bois dont est issu le manche et la tête sculptée de cette harpe, tout comme les figures complètes de gardiens ou celles, réduites à la tête (betsi), qui surmontaient le coffre en écorce contenant les reliques osseuses des membres éminents du lignage, n’est pas choisi au hasard : havre des fantômes et des esprits, l’arbre, toujours sculpté alors qu’il est vert et plein de sève, transformé par l’herminette du sculpteur, conserve ses propriétés symboliques et sa vitalité. Loin d’être une matière inerte, il participe aussi de cette célébration de la vie sur la mort. Sur les trente œuvres de la donation Magnelli, cinq (trois figures de reliquaire, une statuette et cette harpe) sont attribuées à l’art fang, dont la beauté fascina d’autres artistes comme Derain, Vlaminck, Epstein et Braque.  …

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